Morse

Morse se chauffant au soleil estival - Spitzberg - © Rémy Marion

Morse se chauffant au soleil estival - Spitzberg - © Rémy Marion

À quoi servent les dents du morse ?

Uniquement visibles dans l’Arctique, les morses sont des pinnipèdes proches cousins des otaries et des lions de mer. Ils se caractérisent par leurs deux canines hypertrophiées en ivoire exhibées par les deux sexes. Elles ne servent en aucun cas à labourer le fond pour se nourrir, ces deux grands sabres sont des attributs sexuels pour signaler la puissance de l’individu.

Les mâles adultes peuvent peser jusqu’à 1 900 kg pour une longueur de 3,6 m, les femelles pèsent environ 1 200 kg et mesurent 3 m. La femelle donne naissance en avril à un unique petit qui pèse entre 45 et 75 kg pour 1 m après une gestation de 15 mois.

Deux grandes populations sont identifiables : les morses de l’Atlantique nord comprenant les populations du nord Canada, du Groenland, du Svalbard et de la Sibérie occidentale, et les morses du Pacifique nord pour les individus d’Alaska et de Sibérie orientale.

Ces derniers sont en moyenne plus imposants que leurs cousins atlantiques et exhibent des défenses plus longues qui peuvent mesurer jusqu’à 75 cm (en moyenne 55 cm) alors qu’elles n’atteignent qu’une trentaine de centimètres pour la population atlantique.

Les morses se nourrissent presque exclusivement de bivalves. Ils recherchent les coquillages dans la vase grâce à leurs 450 à 700 vibrisses implantées sur leur museau massif. Les morses creusent des sillons dans la vase avec leur groin tactile. Dès qu’ils détectent une coquille ils en aspirent le contenu. Les morses ne plongent pas très profond pour se nourrir, en moyenne à 80 m de profondeur, ni très longtemps – au maximum 25 minutes. Leur nourriture est abondante car ils sont les seuls à l’exploiter et consomment entre 45 et 60 kg de mollusques par jour. Certains morses sont carnivores et s’attaquent aux jeunes phoques.

Les morses doivent quitter le haut arctique dès que la banquise commence à se former. Ils ne peuvent maintenir des trous de respiration dans la glace. Les morses migrent en groupes sexués, femelles et jeunes ou mâles de tous âges. Lors de la migration de début d’été, ils utilisent des dernières plaques de banquise à la dérive pour se déplacer.

Animaux grégaires, les morses sont toujours collés les uns aux autres sur les plages de gravier ou les blocs de glace à la dérive.

Les morses sont considérés comme des animaux potentiellement dangereux lorsqu’ils sont dans l’eau. Curieux, très mobiles et puissants, ils peuvent s’attaquer à un kayak ou à une petite embarcation. Sur terre, ils peuvent être approchés à très faible distance mais il faut éviter de les déranger dans leur repos.

D’ailleurs les Inuit les approchaient en rampant et se relevaient au dernier moment pour lancer un harpon. Ils pouvaient aussi les chasser depuis un kayak mais c’est une chasse dangereuse.

Un morse abattu offrait une grande quantité de viande mais les Inuit profitaient aussi d’un repas de mollusques qu’ils prélevaient dans l’estomac même de l’animal.

Avant l’arrivée des Européens les morses vivaient beaucoup plus au sud que l’aire de répartition actuelle. En 1534, Jacques Cartier, en visitant les parages de Terre-neuve, observa des « chevaux de mer », qui étaient en fait des morses.

La chasse commerciale aux morses a décimé plusieurs populations, au Svalbard en particulier. Les plages couvertes d’ossements blanchis témoignent de ces massacres. Les morses nonchalants et peu mobiles sur terre sont des gibiers faciles. Un équipage de quelques chasseurs pouvait abattre plusieurs dizaines d’individus en quelques heures. Ils assénaient un coup de hache sur le museau de l’animal pour sectionner l’avant de la mâchoire supérieure porteur des précieuses défenses.

Les morses sont toujours chassés au nord de la Sibérie par les Tchouktches qui ont besoin de viande fraîche. Quelques chasseurs amateurs tirent des morses au nord du Canada.

Depuis qu’ils sont protégés au Svalbard, la population de morses a largement progressé.

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