Espèces associées

Groupe de Narvals en Terre de Baffin © Rémy Marion

La biodiversité arctique

L’Arctique est constitué d’un ensemble d’écosystèmes terrestres, d’eau douce et marins uniques. Son climat se caractérise par une saisonnalité très marquée due au cycle annuel de l’éclairement (jour continu en été, nuit polaire en hiver) et un rayonnement incident faible. Alternance jour/nuit, froid, neige/glace permanente ou saisonnière, faibles précipitations, vents violents, la pression de ces facteurs a entraîné la sélection d’espèces étroitement adaptées aux conditions extrêmes qui règnent dans le Grand Nord.

La richesse spécifique de l’Arctique est souvent considérée comme faible, mais elle est mal connue et sous-estimée. De récentes études ont révélé une biodiversité insoupçonnée.

La toundra, recouverte d’une végétation rase qui se développe sur un sol gelé en permanence, est riche en microorganismes et constitue une importante zone de vie et de reproduction.

Plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux terrestres, de rivage ou de mer, pour la plupart migratrices, profitent de l’été arctique pour se reproduire, attirées par l’éclairement permanent, la diversité des habitats et l’abondance de nourriture. Quelques rares espèces passent l’hiver dans l’Arctique, comme les lagopèdes, le grand corbeau, la mouette ivoire, la mouette de Ross.

Les mammifères terrestres, peu nombreux, sont représentés par le lièvre arctique, les lemmings et deux grands herbivores, le bœuf musqué et le caribou ou renne, et quelques carnivores tels l’hermine, le renard polaire et le loup.

L’ours polaire, espèce endémique et emblématique, est souvent rattaché aux mammifères marins. Une vingtaine d’espèces de pinnipèdes et de cétacés, permanentes comme le morse, le bélouga et le narval, ou occasionnelles, fréquentent les eaux arctiques.

L’océan Arctique est considéré comme riche, mais sa richesse dépend de la banquise.

La glace de mer est un écosystème unique. Des communautés spécialisées associées, en partie endémiques, jouent un rôle primordial dans la chaîne alimentaire. Sur la face inférieure de la banquise se développe au printemps, grâce au rayonnement solaire qui la traverse, une prairie couvrant plusieurs millions de kilomètres carrés et constituée essentiellement de centaines d’espèces de diatomées. Ces algues sont broutées par des crustacés qui sont consommés par des poissons, dont la morue, et des oiseaux. Une autre partie tombe vers le fond, générant un flux de matière organique vers les écosystèmes pélagiques et benthiques.

Plusieurs milliers d’invertébrés occupent tous les niveaux et sont la proie de poissons comme la morue et le flétan, eux-mêmes source de nourriture des mammifères marins tels que phoques, bélougas et narvals.

Cette chaîne alimentaire au nombre de maillons limité dépend de la superficie de la banquise mais aussi de la synchronisation entre la présence des proies et les besoins des prédateurs.

Toutes ces espèces étroitement adaptées à ces milieux extrêmes sont particulièrement fragiles et sensibles aux variations rapides des facteurs écologiques non pas sur une échelle de temps géologique de plusieurs milliers d’années mais à l’échelle de quelques décennies.

Les prédateurs en fin de chaîne alimentaire sont des bio-indicateurs de la variabilité environnementale. L’ours polaire, prédateur ultime, est avec les peuples de l’Arctique en première ligne vis-à-vis des changements climatiques rapides que connaît le Grand Nord. Mais cette espèce aussi emblématique soit-elle ne doit pas faire oublier les autres espèces menacées. Le narval est en tête du triste palmarès des espèces à risque, le morse n’est pas très loin…

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